04.02.2014

Pausanias le Périégète et le théâtre de Sparte


Pausanias est un auteur du deuxième siècle de notre ère dont, en fait, nous savons très peu de chose. Comme souvent, c’est du texte même qui nous est parvenu sous son nom, que nous pouvons tirer quelques renseignements sur l’auteur.
Il apparaît ainsi qu’il doit être né sous le règne de l’empereur Hadrien (°76, emp. 117-138) et qu’il vivait certainement encore sous le règne de Marc-Aurèle (° 121, emp. 161-180) dont il doit avoir été l’exact contemporain.
Dans les années 173-175, Pausanias a rédigé une Description de la Grèce (Περιήγησις Ἑλλάδος), parcours à travers les cités de la Grèce continentale rassemblant, sur une trame topographique, des récits historiques et mythologiques, des informations sur les cultes, sur les traditions, sur les monuments. Il a auparavant voyagé à travers la Grèce et vu beaucoup de ce dont il parle. Son œuvre n’est cependant ni un récit de voyage, ni un guide touristique. Compilant un grand nombre d’informations livresques, sa Description de la Grèce, n’était également pas destinée à être lue sur le terrain.

L’auteur n’a pas rédigé d’introduction à son ouvrage ou, s’il l’a fait, elle est aujourd’hui perdue. Ce ne serait pas étonnant, dans la mesure où les premières feuilles d’un livre sont les plus menacées et pourraient, au cours de la tradition, avoir disparu. Le texte de Pausanias nous est en effet connu par des copies manuscrites du XVe s. remontant à un seul exemplaire arrivé en Italie avant 1418 chez un certain Niccolò Niccoli. Si cet exemplaire était incomplet, notre texte l’est aussi. L’analyse paléographique, cette spécialité de la philologie qui s’occupe des manuscrits, révèle que l’exemplaire dont dérive toutes les copies existantes du texte, et qui est aujourd’hui perdu, n’était pas antérieur au Xe s., car il devait être écrit en minuscule. Il était lui-même la copie d’un codex en majuscule, datant peut-être du VIe s., remontant lui-même à un exemplaire reproduit sur dix rouleaux de papyrus. Avec plus ou moins d’étapes entre chacun de ces relais, le texte que nous pouvons lire aujourd’hui dans nos éditions scientifiques est donc le produit, le moins imparfait possible, d’un travail scientifique portant sur des copies, de copies, de copies, de copies du texte écrit par Pausanias.

Pour autant, il n’est pas certain que quoi que ce soit manque au début de l’œuvre et Pausanias saisit par deux fois l’occasion de préciser un peu son but, à la fin de la partie consacrée à l’Attique (Athènes et sa région) et avant d’entamer la description de la ville de Sparte (Pausanias, Description de la Grèce, III, 11, 1) :

Ὃ δὲ ἐν τῇ συγγραφῇ μοι τῇ Ἀτθίδι ἐπανόρθωμα ἐγένετο, μὴ τὰ πάντα με ἐφεξῆς, τὰ δὲ μάλιστα ἄξια μνήμης ἐπιλεξάμενον ἀπ’ αὐτῶν εἰρηκέναι, δηλώσω δὴ πρὸ τοῦ λόγου τοῦ ἐς Σπαρτιάτας· ἐμοὶ γὰρ ἐξ ἀρχῆς ἠθέλησεν ὁ λόγος ἀπὸ πολλῶν καὶ οὐκ ἀξίων ἀφηγήσεως, [ὧν] ἃ ἕκαστοι παρὰ σφίσι λέγουσιν, ἀποκρῖναι τὰ ἀξιολογώτατα. ὡς οὖν εὖ βεβουλευμένος οὐκ ἔστιν ὅπου παραβήσομαι.
« La mise au point qui se trouvait dans mon écrit sur l’Attique — à savoir que je n’ai pas tout dit à la suite, mais uniquement ce qui est digne de mémoire, après sélection — je vais la clarifier avant de dire ce qui concerne les Spartiates : dès le début, mon propos a voulu, de la masse des choses indignes d’être rapportées et que chacun dit chez soi, distinguer ce qui mérite le plus d’être dit. Par conséquent, comme c’est un plan auquel j’ai bien réfléchi, nulle part je ne m’en écarterai. » (Trad. O. Gengler, texte établi par M. Casevitz, pour Les Belles Lettres)
Pausanias décrit donc ce qui vaut la peine d’être rapporté de la ville de Sparte, et avant tout son agora, sa place publique (III, 11, 2-11). C’est un vaste espace rempli de statues et de lieux de culte, dont la localisation n’est pas certaine. À la description de cet espace, Pausanias en rattache d’autres, concernant des lieux adjacents à l’agora (à partir de III, 12, 1), comme cette voie menant vers l’ouest et le théâtre (Pausanias, Description de la Grèce, III, 14, 1-2) :
Ἐκ δὲ τῆς ἀγορᾶς πρὸς ἥλιον ἰόντι δυόμενον τάφος κενὸς Βρασίδᾳ τῷ Τέλλιδος πεποίηται· ἀπέχει δὲ οὐ πολὺ τοῦ τάφου τὸ θέατρον, λίθου λευκοῦ, θέας ἄξιον. τοῦ θεάτρου δὲ ἀπαντικρὺ Παυσανίου τοῦ Πλαταιᾶσιν ἡγησαμένου μνῆμά ἐστι, τὸ δὲ ἕτερον Λεωνίδου— καὶ λόγους κατὰ ἔτος ἕκαστον ἐπ’ αὐτοῖς λέγουσι καὶ τιθέασιν ἀγῶνα, ἐν ᾧ πλὴν Σπαρτιατῶν ἄλλῳ γε οὐκ ἔστιν ἀγωνίζεσθαι—, τὰ δὲ ὀστᾶ τοῦ Λεωνίδου τεσσαράκοντα ἔτεσιν ὕστερον ἀνελομένου ἐκ Θερμοπυλῶν τοῦ Παυσανίου. Κεῖται δὲ καὶ στήλη πατρόθεν τὰ ὀνόματα ἔχουσα οἳ πρὸς Μήδους τὸν ἐν Θερμοπύλαις ἀγῶνα ὑπέμειναν.
« Quand, de l’agora, on va dans la direction du soleil couchant, a été bâti un cénotaphe pour Brasidas, le fils de Tellis. Peu éloigné de la tombe se trouve le théâtre, en marbre, qui mérite d’être vu. En face du théâtre se trouve un monument de Pausanias, qui a commandé à Platées, quant à l’autre, c’est le monument de Léonidas — et chaque année en leur honneur on prononce des discours et on organise des concours auxquels personne d’autre que les Spartiates ne peut participer — et les ossements de Léonidas, quarante ans plus tard, ont été recueillis et rapportés des Thermopyles par Pausanias. Il y a aussi une stèle qui énumère avec leur patronyme ceux qui ont soutenu contre les Mèdes le combat des Thermopyles. » (Trad. O. Gengler, texte établi par M. Casevitz, pour Les Belles Lettres)
C’est de ce texte que provient l’élément les plus significatif pour localiser approximativement l’agora de Sparte : elle se trouvait à l’est du théâtre, puisque celui-ci est proche du cénotaphe de Brasidas, lui-même à l’ouest de l’agora. Or le théâtre antique de Sparte est parfaitement identifié. Il s’appuie sur le flanc sud d’une colline qui borde une oliveraie au nord de la ville moderne. Le théâtre, connu déjà de bon nombre de voyageurs modernes, a fait l’objet de fouilles systématiques dans les années 1900, 1920 et 1990.

C’est donc là, nous apprend Pausanias, que se trouvaient deux monuments funéraires élevés en l’honneur de Léonidas, le héros des Thermopyles, et de Pausanias, homonyme de notre auteur, qui mena les Grecs à la victoire contre les Perses à la bataille de Platées (479 av. n. è.). Une stèle portait également le nom des 300. Le texte de Pausanias qui mentionne également un concours réservé aux seuls Spartiates confirme et complète le témoignage de l’inscription pour Cléon, fils de Sosicratès, que nous avons déjà évoquée. Pausanias nous apprend que le concours était associé à une performance rhétorique et confirme qu’il honorait Léonidas dont le nom doit être restitué dans l’inscription. Celle-ci nous révèle en retour que la célébration incluait « les autres héros » où l’on reconnaîtra les 300 dont la stèle commémorative jouxtait les monuments de Léonidas et de Pausanias. Mais comment était structuré cet espace ? Et en quoi consistait ces concours ? Ce sera l’objet d’un prochain billet…

Pour en savoir un peu plus

sur Pausanias, quelques livres récents :
Chr. Habicht, Pausanias’ Guide to Ancient Greece, Berkeley, 1985, 2e éd., 1998 (Sather Classical Lectures, 50) ; il en existe une version allemande : Pausanias und seine »Beschreibung Griechenlands«, Munich, 1985.
W. Hutton, Describing Greece. Landscape and Literature in the Periegesis of Pausanias, Cambridge, 2005.
M. Pretzler, Pausanias. Travel Writing in Ancient Greece, Londres, 2007 (Classical Literature and Society).
sur la tradition du texte :
A. Diller, « Pausanias in the Middle Ages », TAPhA, 87 (1956), p. 84-97 = Studies in Greek Manuscript Tradition, Amsterdam, 1983, p. 149-162 avec les n. 19-20 p. 480 ; « The manuscripts of Pausanias », TAPhA, 88 (1957), p. 169-188 = Studies, p. 163-182 avec les n. 21-24 p. 480. 
M. Casevitz dans M. Casevitz, F. Chamoux, J. Pouilloux, Pausanias, I: L’Attique, xxxi-xlvi.
D. Marcotte, « La redécouverte de Pausanias à la Renaissance », Studi Italiani di filologia classica, 85, 3e serie, 10 (1992), p. 872-878.
sur les pratiques descriptives de Pausanias :
J. Akujärvi, « One and ‘I’ in the Frame Narrative : Authorial Voice, Travelling Persona and Adressee in Pausanias’ Periegesis », The Classical Quarterly, 62, 2012, 327-358.
O. Gengler, « Ni réel ni imaginaire: l’espace décrit dans la Périégèse de Pausanias », in: Géographies imaginaires, Laurence Villard (éd.), Rouen: PURH, 2009, 225-244

03.02.2014



Kleon Sohn des Sosikrates und die Wettkämpfe für Leonidas

(ENFR)

Ich möchte heute eine Inschrift aus Sparta vom 2. Jh. n. Chr., wahrscheinlich aus der Zeit Trajans, vorstellen. Sie wurde zum ersten Mal im 18. Jh. "in der Nähe von Spartas Theater" durch den französischen Gelehrten Michel Fourmont (1690-1746) gefunden. Fourmont reiste 1729-1731 durch ganz Griechenland auf der Suche nach alten Handschriften und schrieb viele Inschriften ab. (Michel Fourmont ist eine spannende Figur, auf die ich bald zurückkommen werde.) Britische Archäologen haben die Inschrift 1906 "in einem Graben bei dem Theater" (Annual of the British School at Athens, 12, 1906, 478) wieder gefunden. Hier ist der Text (IG V1 660) :



           ἁ πόλις

      Κλέωνα Σωσικρά-
      τους ἀγωνισάμενον
4    τὸν ἐπιτάφι[ον Λεωνίδα]
      καὶ Παυσαν[ία καὶ τῶν λοι]-
      πῶν ἡρώω[ν, καὶ στεφα]-
      νωθέντ[α — — — ἕνεκα]
8    καὶ σεμν[ότατος, τὸ ἀνά]-
      λωμα προ[σδεξαμένων —]-
      ωνος το[ῦ — — — — — —]
      καὶ Δαμοκ[ράτους τοῦ — —]-
12  ωνος τῶν [— — —]


"Die Stadt | (ehrt) Kleon, Sohn des Sosikra|tes, der | an den Grab-Wettkämpfen für Leonidas, | Pausanias und die an|deren Helden teilgenommen hat und der wegen - - - | und seiner Würde gekrönt wurde; die Aus|gaben haben - - - |on Sohn des - -  - | und Damokrates Sohn des - - - |on, seine - - -, übernommen."

Der auf einem großen Stein geschriebene Text ist nicht ganz lesbar: Die rechte Seite des Steines ist offensichtlich ab der vierten Zeile beschädigt (ich habe den Stein bisher noch nicht gesehen und die Archäologen haben nur eine knappe Beschreibung davon gegeben). Die zwischen eckigen Klammern  [ ] notierten Wörter sind verloren und können nur in einigen Fällen ergänzt werden.
Auf den Zeilen 7-8 stand neben der Würde die Erwähnung einer anderen Qualität, wofür Kleon gelobt wurde. Der erste Editor, August Boeckh, in seinem Corpus Inscriptionum Graecum, I.4, 1828, n. 1417, ergänzte die Zeilen 7-8 wie folgt: [... καὶ στεφα|νωθέντ[α ἀνδρείας ἕνεκα]|8 καὶ σεμν[ότατος βίου...] "und der wegen seines Mutes und der Würde seiner Lebensweise", nach dem Vorbild einer anderen vollständigeren spartanischen Inschrift (CIG 1426 = IG V1 472). Diese Inschrift jedoch ehrt einen jungen Mann, der sich in einem anderen Rahmen ausgezeichnet hat (worüber siehe das Buch von N.M. Kennell, The Gymnasium of Virtue: Education and Culture in Ancient Sparta, Chapel Hill, 1995 [c.r.]) und ich bin nicht sicher, dass die Qualitäten, die bei Kleon wegen seines Sieges im Wettkampf für Leonidas gelobt wurden, die gleichen sind. Auch wenn das Wort σεμνότατος (dorische Form von σεμνότητος, die vielleicht nicht zu erhalten ist) sicher ist, scheint mir die Ergänzung βίου "(Würde) seiner Lebensweise" nicht nur unnötig, sondern auch zu lang. Im Vergleich zu den anderen Zeilen würden wir hier mehr Buchstaben haben, als der Stein enthalten könnte.
In seiner Edition für das große Corpus der Berliner Akademie, die Inscriptiones Graecae (V.1: Laconia et Messenia, 1913) schlug Walther Kolbe versuchsweise die folgenden Ergänzungen der Personenamen der Zeilen 9-12 vor: [Κλέ]ωνος ... Δαμοκ[ράτους τοῦ Δαμί]ωνος (der letzte nach IG V1 212). Er meinte hier Neffen von Kleon (Z. 12 τῶν [ἀδελφιδῶν]) zu erkennen. Es gibt eigentlich viele andere Ergänzungsmöglichkeiten und, da wir nicht wissen, wie alt Kleon war, scheint es mir durchaus riskant ihm Neffen zuzuschreiben.
Die Ergänzung des Namens Leonidas in der Zeile 4 steht aber fest, dank einer schönen Textstelle von Pausanias, die ich in einem nächsten Beitrag kommentieren werde...

31.01.2014

Cléon, fils de Sosicratès, et les concours en mémoire de Léonidas

(EN; DE)
Je voudrais vous présenter aujourd'hui une inscription de Sparte, datant du IIe s. av. notre ère, probablement de l'époque de Trajan. Elle a été mise au jour pour la première fois au XVIIIe s. "près du théâtre" de Sparte par l'érudit français Michel Fourmont (1690-1746), qui voyagea à travers la Grèce à la recherche de manuscrits anciens durant les années 1729-1731 et copia un grand nombre d'inscriptions. (Michel Fourmont est un personnage fascinant sur lequel je reviendrai très certainement bientôt.) Des archéologues britanniques ont redécouvert l'inscription au cours de leurs fouilles "dans une tranchée près du théâtre" (Annual of the British School at Athens, 12, 1906, 478). Voici le texte (IG V1 660) :

           ἁ πόλις
     Κλέωνα Σωσικρά-
     τους ἀγωνισάμενον
4   τὸν ἐπιτάφι[ον Λεωνίδα]
     καὶ Παυσαν[ία καὶ τῶν λοι]-
     πῶν ἡρώω[ν, καὶ στεφα]- 
     νωθέντ[α — — — ἕνεκα]
8   καὶ σεμν[ότατος, τὸ ἀνά]-
     λωμα προ[σδεξαμένων —]-
     ωνος το[ῦ — — — — — —]
     καὶ Δαμοκ[ράτους τοῦ — —]-
12 ωνος τῶν [— — —]


"La cité | (honore) Cléon, fils de Sosicra|tès qui a participé | aux jeux funéraires de Léonidas, | Pausanias et les au|tres héros et qui a été couron|né en raison de - - - | et de sa dignité, la dé|pense étant prise en charge par - - - |on le fils de - - - | et Damocratès le fils de - - - |on, ses - - -"


L'inscription, inscrite sur un grand bloc de pierre, n'est pas entièrement lisible: la partie droite de la pierre à partir de la quatrième ligne est apparemment endommagée (je n'ai pas vu la pierre personnellement et les archéologues n'en ont donné aucune description). Les mots notés entre crochets droits [ ] ont été perdus et ne peuvent être restitués que dans certaines limites.
Aux lignes 7-8 venait, à côté de la dignité, la mention d'une autre vertu pour laquelle Cléon était loué. Le premier éditeur, August Boeckh, dans son Corpus Inscriptionum Graecum, I.4, 1828, n. 1417, restituait ainsi le texte des lignes 7-8: [... καὶ στεφα|νωθέντ[α ἀνδρείας ἕνεκα]|8 καὶ σεμν[ότατος βίου...] "et qui a été couronné en raison de sa vigueur et de la dignité de son mode de vie", reprenant les formules d'une autre inscription de Sparte plus complète (CIG 1426 = IG V1 472). Mais cette inscription honore un jeune homme qui s'est illustré dans un autre cadre (sur lequel il faut voir le livre de N.M. Kennell, The Gymnasium of Virtue: Education and Culture in Ancient Sparta, Chapel Hill, 1995 [c.r.]) et il ne me semble pas certain que les vertus louées chez Cléon comme vainqueur aux jeux en l'honneur de Léonidas soient les mêmes que pour lui. Si le mot σεμνότατος (forme dorienne de σεμνότητος, qu'il ne faut toutefois peut-être pas conserver) est assuré, il me semble aussi que rajouter le mot βίου "(dignité) de son mode de vie" est inutile, mais aussi trop long. En comparant avec les autres lignes, il semble que l'on aurait avec ce mot plus de lettres que l'espace à combler ne pouvait en contenir.
Dans son édition pour le grand corpus de référence de l'Académie de Berlin, les Inscriptiones Graecae (V.1: Laconia et Messenia, 1913), Walther Kolbe proposait à titre d'hypothèse de reconstituer les noms des lignes 9-12: [Κλέ]ωνος ... Δαμοκ[ράτους τοῦ Δαμί]ωνος (ce dernier d'après IG V1 212) et d'y reconnaître les neveux (l. 12 τῶν [ἀδελφιδῶν]) de Cléon. Il y aurait bien d'autres possibilité et, sans savoir quel âge pouvait avoir Cléon, il me semble aventureux de lui attribuer des neveux.
La restitution du nom de Léonidas à la ligne 4 est quant à elle assurée, grâce à un beau passage de Pausanias que je commenterai dans un prochain billet...

Cleon, son of Sosicrates, and the Funeral Game for Leonidas

(FR; DE)
I would like to present today an inscription from Sparta, dating from the 2nd c. AD, probably from the time of Trajan. It was found for the first time in the 18th c. "near the theater" of Sparta by the french scholar Michel Fourmont (1690-1746), who travelled through Greece in the searching of old manuscripts in the years 1729-1731 and collected a lot of inscriptions. (Michel Fourmont is a fascinating figure and I certainly write some posts about him in the future.) British archaeologists found the inscription again during excavations "in a trench by Theater" (Annual of the British School at Athens, 12, 1906, 478). Here is the text (IG V1 660) :


            πόλις
     Κλέωνα Σωσικρά-
     τους γωνισάμενον
4   τν πιτάφι[ον Λεωνίδα]
     κα Παυσαν[ία κα τν λοι]-
     πν ρώω[ν, κα στεφα]-
     νωθέντ[α — — — νεκα]
8   κα σεμν[ότατος, τ νά]-
     λωμα προ[σδεξαμένων —]-
     ωνος το[ — — — — — —]
     κα Δαμοκ[ράτους το — —]-
12 ωνος τν [— — —]

 "The city | (honours) Cleon, son of Sosicra|tes who competed | in the funeral game for Leonidas | Pausanias and the o|ther heroes and who was crown|ed on account of his - - - | and of his dignity, the ex|pense being undertook by - - - |on the son of - -  - | and Damocrates the son of - - - |on, his - - -"

The inscription, written on a large stone block, is not entirely legible: the right part of the stone after the third line was apparently damaged (I didn't saw the stone and the archaeologists gave no description). The words between [ ] are lost and could be restored only in a few cases.
At the lines 7-8 was, beside the dignity, the mention of another virtue for which Cleon was praised. The first editor, August Boeckh, in his Corpus Inscriptionum Graecum, I.4, 1828, n. 1417, restores the lines 8-9 as follows: [... καὶ στεφα|νωθέντ[α ἀνδρείας ἕνεκα]|8 καὶ σεμν[ότατος βίου...] "and who was crowned on account of his vigour and of the dignity of his way of life", after the text of another Spartan inscription (CIG 1426 IG V1 472). But that inscription honours a young man for another kind of accomplishment (about which, see N.M. Kennell, The Gymnasium of Virtue: Education and Culture in Ancient Sparta, Chapel Hill, 1995 [review]) and I am not sure that the virtues of Cleon as a winner of the funeral games for Leonidas had to be the same. If the word σεμνότατος (dorian form of σεμνότητος, we must perhaps not preserve) is certain, I think that it is not necessary to add the genitive βίου "(dignity) of his way of life" which is also too long. Comparing with the other lines, it semms that we have with that word more letters than the space on the stone could contain.
In his edition for the great corpus of the Academy of Berlin , the Inscriptiones Graecae (V.1: Laconia et Messenia, 1913), Walther Kolbe suggested tentatively to restore at the lines 9-12 the names [Κλέ]ωνος ... and Δαμοκ[ράτους τοῦ Δαμί]ωνος (the last one after IG V1 212) and to recognize here to nephews (l. 12 τῶν [ἀδελφιδῶν]) of Cleon. There is a lot of other possibilities and, since we don't know how old Cleon was, I find such hypothesis far too risky.
The restoration of the name of Leonidas at the fourth line is however sure, because of an interesting passage of Pausanias about which we will soon learn a little bit more...